Pourquoi les universités s’arrachent les experts en relations entreprises

L’enseignement supérieur français traverse une mutation profonde de ses relations avec le monde économique. Au cœur de cette transformation, une fonction émerge comme stratégique : le directeur des relations entreprises. Loin d’être un simple rôle administratif, ce poste devient l’interface cruciale entre deux mondes aux logiques parfois différentes mais aux intérêts convergents.
## Un métier en pleine professionnalisation
La multiplication des nominations récentes témoigne de cette évolution. [Marion Brys a pris ses fonctions de directrice des relations entreprises et du campus de Paris-Clichy d’EM Normandie en octobre 2024](https://www.vd-communication.fr/nomination-em-normandie-directeur-relations-entreprises-et-du-campus-de-paris-clichy/), succédant à un parcours riche dans le développement commercial. En septembre 2025, [Emilie Daudin-Clavaud a été nommée directrice des partenariats entreprises, Alumni et Fonds de dotation du Pôle Universitaire Léonard de Vinci](https://www.vd-communication.fr/nomination-pole-universitaire-leonard-de-vinci-directeur-des-partenariats-entreprises-alumni-et-fonds-de-dotation/), apportant son expertise du développement international.
Ces nominations illustrent une tendance de fond : la professionnalisation d’une fonction autrefois considérée comme support. « Le métier de Campus Manager est passionnant de par la diversité des missions exercées. À la frontière entre communication et gestion des RH, ce métier est clé dans des organisations à forts enjeux de recrutement », [explique un professionnel du secteur bancaire](https://www.igs-ecoles.com/metiers/campus-manager).
## L’expertise au service de partenariats stratégiques
Cette professionnalisation s’illustre également dans les universités publiques. L’exemple de Sandra Bouscal, [nommée directrice des relations entreprises à l’Université Paris-Dauphine de 2020 à 2022](https://www.aefinfo.fr/depeche/623154-sandra-bouscal-est-nommee-directrice-des-relations-entreprises-de-l-universite-paris-dauphine), souligne l’importance stratégique accordée à ces fonctions. Forte de son expérience à l’INSEAD, HEC Paris et à l’IMD Lausanne, [Sandra Bouscal cumule aujourd’hui 25 années d’expertise dans le fundraising et les relations entreprises](https://www.comete-conseil.com/equipe/sandra-bouscal).
Sous sa direction, Dauphine a signé cinq nouveaux partenariats Campus en 2020, incluant des accords avec AXA France, Carrefour et le groupe Crédit Agricole. « Au sein de la Direction des Relations Entreprises, nous sommes fières de faciliter la mise en place de partenariats constructifs, précieux pour Dauphine et stratégiques pour les entreprises », [expliquait-elle en 2020](https://dauphine.psl.eu/dauphine/media-et-communication/article/5-nouveaux-partenariats-campus-signes-en-2020).
## Des enjeux multiples et convergents
Cette montée en puissance des relations entreprises répond à plusieurs impératifs. Pour les établissements, il s’agit de diversifier leurs ressources financières dans un contexte budgétaire contraint, d’améliorer l’employabilité de leurs diplômés et de renforcer leur ancrage territorial. [Les recherches académiques montrent](https://shs.cairn.info/revue-management-et-avenir-2011-5-page-107?lang=fr) que « les structures mises en place correspondent à des choix des universités qui tiennent compte des situations locales et des intentions des acteurs ».
Pour les entreprises, ces partenariats offrent un accès privilégié aux talents de demain. Comme le souligne [l’EMLV](https://www.emlv.fr/ecole-management/relations-entreprises/), « nouer des relations avec une école de commerce peut offrir de nombreux avantages : accès à un pool de candidats de qualité pour les stages, les offres d’alternance et les postes à plein temps ». Les étudiants possèdent « des compétences spécifiques dans des domaines tels que la gestion, le marketing, la finance et la stratégie, ce qui les rend très attrayants pour les recruteurs ».
## Un profil professionnel spécifique
Le profil type du directeur des relations entreprises a considérablement évolué. [Les formations requises s’échelonnent désormais du BTS Communication au Master spécialisé](https://www.studi.com/fr/devenir/charge-relations-entreprises), avec une préférence pour les doubles compétences alliant formation technique et aptitudes commerciales.
Ces professionnels doivent maîtriser des compétences variées : négociation, gestion de projet, communication institutionnelle et développement de partenariats. Ils évoluent « à la frontière entre communication et gestion des RH », nécessitant une compréhension fine des enjeux académiques et économiques.
[L’alternance devient une voie d’accès privilégiée](https://www.studi.com/fr/devenir/charge-relations-entreprises) : selon le baromètre 2022 de l’Apec, 89% des jeunes diplômés ayant suivi leurs études en alternance sont en emploi, contre 78% pour les non-alternants.
## L’innovation au cœur des partenariats
Les relations entreprises ne se limitent plus au placement de stagiaires. Elles embrassent désormais l’innovation pédagogique, la recherche appliquée et le transfert de technologies. [L’exemple de l’ESSEC](https://www.mondedesgrandesecoles.fr/essec-les-relations-avec-les-anciens-un-enjeu-strategique-de-developpement-pour-les-grandes-ecoles-et-universites/) montre comment « l’évolution majeure de ces 10 dernières années » s’est réalisée « au service du développement » de l’établissement.
Les entreprises recherchent aujourd’hui des partenariats à 360°, incluant formation continue des salariés, projets de recherche collaborative et accès aux expertises académiques. Cette diversification répond aux besoins croissants d’innovation et de transformation digitale des organisations.
## Un écosystème en transformation
Cette professionnalisation s’inscrit dans un écosystème plus large de transformation de l’enseignement supérieur. La création des fondations universitaires depuis 2007, le développement du mécénat d’entreprise et l’évolution des besoins en compétences contribuent à cette mutation.
Les directeurs des relations entreprises deviennent ainsi des acteurs clés de cette transformation, créant des ponts durables entre formation et emploi. Leur expertise permet de dépasser les relations ponctuelles pour construire des partenariats stratégiques générateurs de valeur mutuelle.
## Vers une reconnaissance institutionnelle
Cette évolution s’accompagne d’une reconnaissance institutionnelle croissante. Les postes de directeur des relations entreprises intègrent désormais les équipes dirigeantes des établissements, témoignant de leur importance stratégique.
L’exemple récent du [BDO France devenant partenaire global de Dauphine en décembre 2021](https://dauphine.psl.eu/dauphine/media-et-communication/article/le-reseau-bdo-france-devient-partenaire-de-luniversite-et-de-sa-fondation), avec la signature en présence du président de l’université, illustre cette montée en puissance. Ces partenariats « globaux » marquent une nouvelle étape dans la structuration des relations université-entreprise.
## Des perspectives d’avenir prometteuses
L’avenir de cette profession s’annonce riche en défis et opportunités. L’émergence de nouvelles technologies, les enjeux de transition écologique et les besoins croissants de formation continue ouvrent de nouveaux champs d’action.
Les directeurs des relations entreprises devront composer avec des entreprises toujours plus exigeantes en termes d’impact et de retour sur investissement, tout en préservant les missions d’intérêt général de leurs établissements. Cette tension créatrice pourrait bien être le moteur de nouvelles innovations pédagogiques et organisationnelles.
La profession évolue ainsi vers une expertise de haut niveau, combinant vision stratégique, excellence opérationnelle et capacité d’innovation. Dans un monde où les frontières entre formation et emploi s’estompent, ces professionnels deviennent les architectes d’un nouveau modèle de coopération public-privé au service de l’excellence éducative et de la compétitivité économique.
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*Cette transformation des relations entreprises dans l’enseignement supérieur témoigne d’une adaptation réussie aux défis contemporains. Elle illustre la capacité du secteur éducatif français à innover tout en préservant ses valeurs fondamentales d’excellence et d’égalité des chances.*